Je suis né le 2 décembre 1959 à Kawit, Kauswagan, Lanao del Norte, aux Philippines. Mes parents étaient, depuis toujours, des adventistes du septième jour (ASJ), une des nombreuses branches du christianisme. Depuis mon enfance et jusqu’au jour de ma conversion à l’islam, en 1981, je fus, moi aussi, un fidèle adventiste.
Mon père
Mon père était un ancien membre de la ILAGA (milice chrétienne) et de la CHDF (Civilian Home Defense Force), deux groupes créés par l’ancien dictateur Ferdinand Edralin Marcos. La Ilonggo Land Grabbing Association (ILAGA) est le nom donné à une milice chrétienne entraînée à saisir les terres des musulmans et à annihiler les musulmans dans le Sud des Philippines. Ses membres sont si endoctrinés qu’ils vont jusqu’à croire qu’ils sont protégés par une veste pare-balles invisible et que les balles d’armes à feu ne les atteignent pas. Ils sont connus pour avoir déjà coupé, fait rôtir et mangé les oreilles droites de leurs victimes. Puis, ils font brûler les autres oreilles et en recueillent les cendres, qu’ils transfèrent dans un petit contenant qui leur sert de pendentif. Les membres de l’ILAGA croient que plus ils tueront de musulmans, plus ils auront de pouvoir.
Endoctriné dès l’enfance
Enfant, je fus endoctriné par mes parents, qui firent tout pour me convaincre que les musulmans étaient des païens. Ils me disaient que les musulmans étaient belliqueux, traîtres, irrespectueux des lois, qu’ils aimaient tuer les non-musulmans et que toutes les caractéristiques négatives de l’humanité se trouvaient dans les doctrines des musulmans. En fait, quand j’étais chrétien, je ne connaissais pas la différence entre l’islam, les musulmans et les Moros; pour moi, ils étaient tous synonymes de paganisme. Ce que je savais des musulmans, c’est qu’ils étaient « païens et idiots »!
Mon éducation
Je fus éduqué dans une institution éducative chrétienne conservatrice. Dès mes premières années en ces lieux, on nous enseignait, sans relâche, à ouvrir la Bible à n’importe quelle page et à expliquer le texte qui tombait sous nos yeux. On nous enseignait également à prononcer des sermons depuis la chaire. Durant ma jeunesse, je travaillai pour de nombreuses paroisses, au sein des églises adventistes du septième jour. J’étudiai par ailleurs à l’académie du sud de Mindanao, Managa, Davao del Sur, à l’académie Matutum View, Tupi, Cotabato du sud; à l’académie Notre-Dame de General Santos City, à l’académie Forest Hills, Bayugan 1, Agusan du sud et je complétai mon diplôme à l’université Silliman à Dumaguete city. L’université Silliman fut fondée et administrée par des Américains philanthropes protestants. J’obtins un bac en arts, majeure en art oratoire et théâtre et mineure en communication. Dans ma jeunesse, je fus également commandant de bataillon en entraînement paramilitaire.
Terrain d’entraînement
En 1981, je reçus une formation intensive, chez les adventistes, à Pagadian City, sur la façon de prêcher le christianisme, surtout au sein des communautés musulmanes, dans lesquelles je m’infiltrais sous prétexte de leur vendre des ouvrages médicaux. On nous envoya, un jour, en petit groupe, à Zamboanga City, dans le sud des Philippines, pour prêcher nos croyances en faisant du porte-à-porte chez les particuliers, de même que chez les commerçants. Notre but premier était de ramasser des fonds et de répandre nos doctrines, afin que les musulmans se convertissent au christianisme (ou, plus précisément, à l’adventisme). De nos jours encore, on trouve des institutions chrétiennes en plein cœur des quartiers musulmans, à Mindanao, dont le but à peine voilé n’est pas difficile à deviner.
Première rencontre avec un intellectuel musulman
Un jour, à Zamboanga City, on m’envoya dans les bureaux d’une compagnie de transport maritime. C’est là que je rencontrai, pour la première fois, un intellectuel musulman. Il s’appelait Najib Razoul Fernandez et c’était un ancien adventiste converti à l’islam. Nous découvrîmes, plus tard, que nous avions été voisins, durant notre enfance, et que nos parents et la famille de son oncle étaient amis et voisins.
Je me présentai d’abord à lui. Il m’accueillit chaleureusement et s’enquit du but de ma visite. Il me demanda : « Êtes-vous un adventiste du septième jour? ».
« Oui, bien sûr. »
« Croyez-vous en Jésus? »
« Évidemment! Je ne serais pas adventiste si je ne croyais pas en Jésus et ne suivais pas son exemple. »
Il me dit : « Vous êtes adventiste du septième jour; Jésus était-il adventiste du septième jour? »
Je savais que si je répondais par l’affirmative, il me demanderait alors : « Pouvez-vous me montrer le passage, dans la Bible, où il est écrit que Jésus était adventiste du septième jour? » Je savais bien qu’un tel passage n’existait pas. Cette question me laissait interdit, car c’était bien la première fois qu’on me la posait. Je décidai de l’éluder et de changer de sujet. Mais il me regarda droit dans les yeux et répéta sa question, en ajoutant : « Si vous êtes incapable de répondre à cette question, je vous prie de bien vouloir la poser à votre leader et de me transmettre sa réponse. »
Révélation bouleversante
Nous poursuivîmes notre conversation et il me révéla le véritable nom de Jésus (que la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient sur lui) et la vraie vie qu’il avait menée. Son nom est ‘Issa, le Messie, fils de Marie et il était prophète et messager de Dieu. La religion de tous les prophètes de Dieu était l’islam; ils étaient donc tous musulmans. Il me parla également du point de vue de l’islam sur le Jour de Résurrection, le Paradis et l’Enfer, les anges, la prophétie, les livres révélés, etc. Ses paroles étaient comme des coups de tonnerre qui me réveillaient, enfin, du profond sommeil dans lequel j’étais plongé.
Je retournai voir mon leader religieux, avec lequel je travaillais. Je lui résumai la conversation que j’avais eue avec ce musulman et lui demandai quelle était la religion de Marie et de Jésus. Plutôt que de répondre à ma question, il me mit en garde contre le fait d’adresser de nouveau la parole à M. Fernandez, sans quoi je serais excommunié! Mais sa réaction ne fit que m’inciter davantage à faire des recherches sur l’islam, tout en semant un profond doute, dans mon cœur, sur ma véritable appartenance aux adventistes du septième jour. Car si nous étions réellement sur la bonne voie, nous n’avions aucune raison d’avoir peur de discuter avec des gens appartenant à d’autres religions!
J’ignorai sa mise en garde et retournai voir M. Fernandez, qui me demanda : « Est-ce que Joseph, Marie et les douze disciples adoraient Jésus et lui adressaient leurs prières comme vous le faites aujourd’hui? » Je demeurai bouche bée. Je retournai voir mon leader et me mis à débattre avec lui! Après cette confrontation, il m’ordonna de faire ma valise et de quitter les lieux. Pourtant, je n’étais pas encore prêt à m’identifier comme musulman, ce que mon leader et mes collègues ne tardèrent cependant pas à faire. Ils me dirent qu’ils ne pouvaient plus se fier à moi pour faire notre travail de prêche au sein des communautés musulmanes. Confus et en larmes, je fus forcé de quitter mes compagnons des adventistes du septième jour. Cet incident constitua un tournant, dans ma vie, et m’amena à me rapprocher de l’islam, que j’embrassai enfin quelques mois plus tard, en septembre 1981, à Isabela, Basilan, Philippines.
Je méditai beaucoup. Le centre du monde musulman se trouve au Moyen-Orient. Si l’Occident et l’Orient connaissaient la vie des prophètes, et surtout celle de Jésus, que dire du Moyen-Orient, le lieu de naissance de la plupart des prophètes et lieu de la Ka’bah, la maison de Dieu érigée par Abraham (que la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient sur lui). Il y a près de deux milliards de musulmans, dans le monde, et plus de gens se convertissent à l’islam qu’à toute autre religion. Pourquoi? Ces questions m’amenèrent à faire des recherches sur l’histoire du Moyen-Orient et sur la vie du dernier prophète de Dieu.
Je ne savais même pas que les musulmans croyaient en Dieu
Avant de rencontrer M. Fernandez, j’avais toujours cru que les musulmans ne croyaient pas en Dieu, qu’ils étaient des païens. Dans mon esprit, ils étaient tous voués à l’Enfer. Certains non-musulmans considèrent les musulmans comme des rats, comme une menace à une société développée et pacifique. C’est peut-être la raison pour laquelle certains pays vont jusqu’à faire un nettoyage ethnique et privent les musulmans des droits humains les plus fondamentaux. Dans mon pays natal, il y a une maxime connue qui dit : « Un bon musulman est un musulman mort ».
J’ai embrassé l’islam après avoir découvert qu’il s’agissait de la véritable voie à suivre, la voie choisie par Dieu pour l’humanité et transmise aux hommes par les prophètes. Et le Coran est le seul livre parfait de Dieu, qui n’a jamais été ni révisé ni altéré. J’invite les non-musulmans à s’informer davantage, sur l’islam, en lisant le Coran et les hadiths authentiques.
Triste réalité
Au moment où j’écris cet article, la population des Philippines est de 95 millions de personnes, dont 10% seulement sont musulmanes. Ce qui signifie que plus de 80 millions sont non-musulmanes et la majorité d’entre elles sont chrétiennes. La plupart des prêcheurs musulmans, aux Philippines, se voient contraints à émigrer dans des pays arabo-musulmans pour arriver à survivre financièrement. Si nos frères arabo-musulmans sont sincères dans leur désir de faire connaître l’islam aux non-musulmans, pourquoi ne nous renvoient-ils pas dans notre pays avec un soutien financier qui nous aiderait à le faire?
Il est facile, pour les Philippins, de comprendre l’islam, car notre culture et nos traditions tirent leur source dans l’islam.
Historiquement, l’islam apparut aux Philippines en 1380, soit près de 200 ans avant le christianisme, qui y est apparu en mars 1521. Les musulmans y sont demeurés une minorité à cause des guerres civiles incessantes, des luttes pour l’indépendance et des efforts énormes et des activités généreusement financées des missionnaires chrétiens. Les premiers Philippins à se convertir au christianisme ne le firent pas parce qu’ils aimaient et comprenaient le christianisme. Ils y furent forcés à la pointe des fusils apportés par les chrétiens espagnols.
Personnellement, prêcher l’islam aux chrétiens est un défi qui me plaît. Comme j’ai déjà de l’expérience dans le prêche, je suis tout aussi enthousiaste lorsque je prêche l’islam, publiquement ou en privé. Alhamdoulillah! Je crois sincèrement que la lumière sert à éclairer les ténèbres. Et c’est pourquoi les non-musulmans ont besoin de l’islam pour voir cette lumière et embrasser la vérité.
Source: https://www.islamland.com/fre/articles/poncardas-romas-ex-chrtien-philippines